L’attirance pour une personne autre que son partenaire suscite souvent des questionnements dans les relations exclusives. Cette situation, fréquente mais rarement discutée ouvertement, conduit beaucoup de personnes à s’interroger sur la solidité de leur engagement. Une récente étude scientifique publiée en février 2024 dans The Journal of Sex Research apporte un éclairage nouveau sur ce phénomène et ses implications réelles pour la fidélité au sein du couple.
Attirance extérieure : un phénomène naturel dans les relations de couple
Les recherches menées par Charlene Belu et Lucia O’Sullivan montrent qu’éprouver de l’intérêt pour quelqu’un d’autre que son partenaire représente une expérience commune dans les relations monogames. L’étude a rassemblé 542 participants âgés de 22 à 35 ans, tous engagés dans une relation exclusive depuis au moins trois mois et admettant ressentir une attirance pour une autre personne.
Les résultats révèlent que la grande majorité des participants (67,7%) gardent cette attirance secrète, ne partageant pas cette information avec leur partenaire officiel. Cette discrétion témoigne souvent d’une volonté de préserver l’équilibre relationnel plutôt que d’un désir de tromper. En moyenne, les participants connaissaient l’objet de leur attirance depuis environ deux ans et éprouvaient ces sentiments depuis approximativement un an.
Selon le sexologue et psychothérapeute Gérard Leleu, « sur le plan de l’absolu de l’amour, la fidélité est totale, corps et âme ». Cette vision idéaliste de l’amour exclusif peut générer de la culpabilité chez ceux qui ressentent une attirance extérieure. Pourtant, l’étude suggère que ces sentiments relèvent davantage de la nature humaine que d’une véritable menace pour l’engagement.
Cette recherche offre ainsi une perspective rassurante pour les personnes qui s’inquiètent de leur attirance pour un tiers. Les résultats confirment qu’il s’agit d’une expérience répandue qui ne traduit pas nécessairement un désir d’infidélité ou une insatisfaction profonde dans la relation principale.
Le lien entre attirance extérieure et infidélité réelle
L’un des résultats les plus frappants de cette étude concerne la corrélation entre l’attirance pour une tierce personne et le passage à l’acte infidèle. Contrairement aux idées reçues, les chercheurs ont constaté que seuls 3% des participants avaient effectivement trompé leur partenaire avec la personne qui les attirait au moment du second questionnaire, réalisé quatre mois après le premier.
Ces statistiques remettent en question l’idée selon laquelle l’attirance extérieure constituerait un prédicteur fiable de l’infidélité future. La grande majorité des participants, malgré des sentiments persistants pour une autre personne, sont restés fidèles à leur engagement relationnel initial. Cette distinction entre attraction et action s’avère cruciale pour comprendre la dynamique des relations exclusives.
Les menaces réelles qui pèsent sur les relations longues sont multiples : conflits récurrents, divergences fondamentales, érosion des sentiments amoureux ou manque d’intimité. L’attirance pour un tiers, bien que potentiellement perturbante sur le plan émotionnel, ne représente pas en elle-même un facteur déterminant de rupture selon les données recueillies par cette étude.
Cette recherche invite donc à reconsidérer notre perception de l’attirance extérieure, non comme un signe avant-coureur d’infidélité, mais plutôt comme une expérience humaine distincte qui ne détermine pas nécessairement nos actions futures dans la relation.
Quand l’attirance devient un signal d’alerte
Si l’étude atteste que l’attirance extérieure ne conduit généralement pas à l’infidélité, elle met néanmoins en lumière certains facteurs qui méritent attention. Les chercheurs ont élaboré un modèle statistique révélant que cette attirance peut être motivée par deux éléments principaux : la qualité attendue de la relation alternative et l’insatisfaction dans la relation actuelle.
Les données indiquent une corrélation entre l’intensité de l’attirance pour un tiers et le niveau de satisfaction dans la relation principale. Concrètement, plus un partenaire se sent attiré par une autre personne, moins il tend à être satisfait de sa relation existante. Cette corrélation suggère que l’attirance extérieure, bien que naturelle, peut parfois fonctionner comme un baromètre de la santé relationnelle.
Un faible investissement émotionnel dans la relation principale apparaît également comme un facteur associé à une plus forte attirance extérieure. Les participants qui rapportaient un engagement moindre dans leur relation actuelle tendaient à développer des sentiments plus intenses pour d’autres personnes.
Ainsi, bien que l’attirance pour quelqu’un d’autre ne constitue pas en soi un signe d’infidélité imminente, son intensité et sa persistance peuvent inviter à une réflexion sur l’état général de la relation. Une attirance qui devient obsédante pourrait signaler des besoins non satisfaits ou des aspects à améliorer dans la dynamique de couple actuelle.
Cette étude apporte finalement une nuance importante : ce n’est pas tant l’existence d’une attirance extérieure qui devrait inquiéter les couples, mais plutôt ce que cette attirance révèle potentiellement sur la qualité et la solidité de leur lien. Une approche réfléchie et communicative reste la meilleure façon d’aborder ces questions sensibles dans une relation qui se veut durable.
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