Malgré la libéralisation du marché de l’énergie, les prix de l’électricité en France n’ont pas connu la baisse attendue. Entre 2007 et 2022, le prix moyen de l’électricité par mégawattheure pour les ménages français est passé de 114 euros à 207 euros, soit une augmentation de 93 euros par MWh. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé une nouvelle hausse entre 8,6 % et 9,8 % lors d’une intervention sur TF1 le dimanche 21 janvier.
Facteurs expliquant cette évolution des prix
Premièrement, une partie de cette augmentation s’explique par la hausse des taxes, qui représentaient 25 % de la facture des consommateurs en 2007 et ont atteint 34 % en 2020. Ces seules hausses de taxes représentent ainsi 31,5 €/MWh de l’augmentation moyenne observée de 57 €/MWh.
- Hausse des taxes sur la consommation d’énergie
- Coûts liés aux réseaux de transport de l’électricité
- Investissements nécessaires dans la maintenance et la modernisation des infrastructures
Impact de la libéralisation sur la concurrence
La libéralisation du marché de l’énergie en France a permis à de nouveaux acteurs d’entrer sur le marché, mais cela ne s’est pas traduit par une baisse des prix pour les consommateurs. Les deux finalistes de la dernière élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, sont ouvertement d’accord sur le fait que le marché européen de l’énergie est inefficace et participe à l’augmentation des prix sous sa forme actuelle.
Situation paradoxale d’EDF
Au cœur de cette dynamique de marché, EDF (Électricité de France) se trouve dans une situation paradoxale. D’une part, elle vend une partie de sa production nucléaire à perte via le mécanisme de l’Arenh (Accès régulé à l’énergie nucléaire historique), qui représente environ un quart de la capacité nucléaire d’EDF. Ce mécanisme, non révisé depuis 2012 malgré l’augmentation des coûts, est censé couvrir les coûts de production nucléaire d’EDF, mais selon la Commission de régulation de l’énergie et l’opérateur historique lui-même, ces coûts ne sont plus couverts par l’Arenh.
Les contribuables français subissent donc les conséquences de ce double coup : ils ont participé au financement des centrales d’EDF et doivent faire face aux hausses de prix de l’électricité.
Objectifs de la libéralisation du marché de l’énergie
Il convient toutefois de rappeler que la libéralisation visait d’autres objectifs que la seule réduction des prix. À l’époque, l’Union européenne avait anticipé une forte augmentation de la demande mondiale en énergie et les tensions qui en découleraient sur l’accès aux ressources fossiles dont l’Europe reste fortement dépendante.
- Renforcer la sécurité énergétique de l’Union européenne
- Promouvoir la transition énergétique vers les énergies renouvelables
- Réduire la dépendance européenne vis-à-vis de certains fournisseurs d’énergie
Ainsi, bien que la libéralisation du marché de l’énergie n’ait pas atteint son principal objectif de baisse des prix pour les consommateurs, elle a contribué à mettre en place certaines conditions favorables à la transition énergétique et au renforcement de la souveraineté énergétique européenne.
Perspective d’une France isolée
Certaines études estiment qu’une France isolée en matière d’énergie coûterait plusieurs milliards d’euros supplémentaires par an aux contribuables d’ici 2050-2060. En effet, la France est aujourd’hui un importateur net d’électricité, notamment pour couvrir ses pics de consommation. Cela signifie que soit le pays peine à satisfaire ses besoins énergétiques internes, soit il lui est parfois plus rentable d’importer de l’énergie, notamment lorsque les prix du marché sont bas.
En somme, si la libéralisation du marché de l’énergie en France n’a pas entraîné une baisse des prix escomptée et a créé des situations complexes pour certains acteurs comme EDF, elle a néanmoins permis d’avancer sur certains objectifs liés à la transition énergétique et à la sécurité énergétique de l’Union européenne. La question demeure cependant de savoir comment concilier ces objectifs avec une meilleure maîtrise des coûts pour les consommateurs français.
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